Samedi 19 Août 1944

Voici maintenant quatre jours pleins que le débarquement sur les côtes de PROVENCE a eu lieu et les événements se sont précipités à vive allure.

Sans attendre l'arrivée de la Task Force du Général BUTLER et la 36ème D.I.U.S. du Général DAHLQUIST, "BAYARD" se rend au P.C. d'"HERVIEUX" qui se trouve à NOTRE-DAME-DE-L'OSIER, pour arrêter en commun le plan de bataille et fixer les objectifs des différents Commandants.

Ils décident de donner les objectifs suivants :

Au Commandant "LEGRAND" ...................VALENCE et ses Environs,
Au Commandant "THIVOLLET"..................ROMANS et ses Environs,
Au Commandant "NOIR".............................TAIN L'HERMITAGE,
Au Commandant "CHABERT".....................VIENNE-BOURGOIN et LYON,
Au Commandant "ROUVIER" .....................GRENOBLE.

Aussitôt, des agents de liaisons sont envoyés dans toutes les directions aux Commandants d'Unités pour l'exécution de ces ordres. "HERVIEUX" décide d'aller lui-même à la BAUME D'HOSTUN afin de donner ses ordres de vive voix à "THIVOLLET".

Sur les routes du DIOIS, l'effervescence est à son comble. De nombreux camions de Maquisards traversent DIE, notamment la compagnie "LAURENT" de SERRES qui fonce vers la vallée du Rhône. Elle ouvre la route à la Task Force Américaine dont la première jeep est déjà arrivée à CLELLES. Grâce aux différents Maquis, les Américains n'ont rencontré aucune résistance ennemie depuis SISTERON, d'où la rapidité de leur avance.

Une information très importante a été recueillie par la 16ème Compagnie du Lieutenant "BEAUMONT". Au cours d'un mouvement de cette Compagnie entre le col DE MENEE et SAINT-MICHEL-LES-PORTES, situé à quelques 18 kms plus au Nord, elle intercepte un agent de liaison motocycliste Allemand. Complètement terrorisé, il leur apprend (sans avoir été bousculé) qu'une forte unité Allemande, d'environ 1500 hommes accompagnés de nombreux chevaux, monte de GRENOBLE pour établir un bouchon défensif à MONESTIER-DE-CLERMONT. Sachant que les premiers éléments Alliés ont atteint CLELLES, "BEAUMONT" prend contact avec l'officier Américain qui commande le détachement pour lui transmettre l'information. Il s'imagine que les Américains vont lui donner un bon coup de main pour l'aider à se débarrasser de ce bouchon de résistance Allemand. Il est très déçu, car le Colonel commandant la colonne de blindés n'a qu'une idée en tête, se réapprovisionner en essence et en munitions. Il est bien décidé à rester où il est au col de LUZ-LA-CROIX-HAUTE et refuse obstinément de faire avancer ses chars légers et ses half-track pour intervenir, prétextant également d'un manque d'artillerie. Il faut dire que l'avance est tellement rapide que la logistique ne peut pas suivre. Il est fort probable que cet officier Américain ait eu raison.

BEAUMONT" est angoissé. Il est convaincu que les Américains, par un matraquage intensif, risquent de faire un véritable massacre dans la population civile. Il décide d'attaquer avec sa seule Compagnie MONESTIER-DE-CLERMONT. Il espère qu'il aura le renfort des parachutistes de la section du bataillon de choc. C'est un faible élément en quantité, mais ces hommes, aguerris, sont très efficaces.

Lorsque sa Compagnie est en vue de MONESTIER, elle essuie de loin quelques coups de feu. C'est sans doute un élément retardateur. Il donne des ordres pour que ses hommes débordent largement les endroits d'où sont partis les coups de feux. Lorsqu'ils arrivent au centre-ville, il n'y a plus un seul Chleuh. Du coup, "BEAUMONT" décide de chercher le contact en continuant vers le Nord, jusqu'à VIF. Dans la nuit de ce samedi 19 Août, "PONIA" (Michel PONIATOWSKI), sergent au bataillon de choc, ouvre la marche de la section, qui suit en file indienne.

A quatre heures du matin ils ont parcouru la distance, heureusement en descente, de MONESTIER à VIF où ils arrivent sans avoir rencontré de résistance ennemie. Ils sont fatigués et ne demandent qu'une seule chose, se reposer. Il n'y a plus aucun Allemand dans la ville, mais ils constatent que des tas de crottin fument encore. Les Fritz sont partis depuis peu de temps. Spontanément les civils le leur confirment :

"Ils sont partis il y a moins d'une heure. Ils sont nombreux, il y en a bien un millier !"

Etant donné la proximité de GRENOBLE qui n'est plus qu'à 17 kms, il est plus prudent d'attendre que les blindés Américains se manifestent. De plus, ils sont exténués, affamés, il ne reste plus que quelques heures pour terminer la nuit, mieux vaut cantonner sur place.

Ce même matin du samedi 19 Août 1944, deux officiers Français qui assurent la liaison avec la Task Force, viennent voir "LEGRAND" pour lui demander de mettre ses troupes à la disposition des Américains pour les épauler. Ils manquent de fantassins. Les camions sont immobilisés par manque d'essence. L'avance est beaucoup trop rapide. Les services annexes ne sont toujours pas opérationnels et le commandement manque de ravitaillement et de munitions. C'est la pire des situations pour les combattants Américains qui n'ont pas l'habitude de se battre comme les Maquisards.

Il faut rappeler que le plan d'invasion par le Sud de la France, prévoyait un timing beaucoup plus lent : Passage de la DURANCE à J+60, de GRENOBLE à J+90 et ne voilà-t-il pas qu'au bout de J+4 seulement, ils se trouvent à 65 kms de GRENOBLE sur la RN 75 et à 20 kms de DIE, ce qui veut dire qu'ils n'ont plus que 93 kms pour atteindre la RN 7 à LIVRON. Il y a de fortes chances pour qu'ils y arrivent le lendemain si aucun obstacle de taille se présente à eux.

Suite aux ordres donnés, la guérilla s'est encore intensifiée sur l'axe de la vallée du Rhône. La RN 7 n'est plus qu'une suite ininterrompue de traquenards pour la 19ème Armée Allemande, ce qui rend les Nazis de plus en plus impitoyables. Sans aucune distinction, ils tirent sur tous ceux qui se trouvent sur leur route. Nombreuses sont les victimes. L'exaspération, la haine et la vengeance guident leurs actes. A MALATAVERNE, au Sud de MONTELIMAR, ils tombent dans une embuscade et sont littéralement hachés par la mitraille. Le combat dure plus d'une heure et demi. Ils sont stoppés par la 13ème et la 17ème Compagnie du 4ème Bataillon de la Drôme. Ils ont cinq morts et plusieurs blessés graves. Là encore, ils abattent un civil sur le bord de la route.

Dimanche 20 Août 1944

Le gros de l'Armée Américaine est toujours en Provence. Elle progresse sur la Nationale 7, s'installe à SAINT-MAXIMIN-LA-SAINTE-BAUME et libère TRETS dans les BOUCHES-DU-RHONE avec l'aide des F.F.I. locaux. Louis DELEUIL et sa section du Maquis de SAINT-JEAN-DU-PUY, lors d'une opération de ratissage da les bois de PUYLOUBIER, font une cinquantaine de prisonniers après un court combat.

Attaque dirigée sur TOULON :

Premier objectif désigné, prendre les hauteurs du FARON qui dominent la ville.

Débarqués à FREJUS et roulant de nuit, des camions GMC embarquent le Bataillon de choc Français. A PUGET-SUR-ARGENS, ils empruntent la RN 7 et par LE MUY-VIDAUBAN, arrivent à BRIGNOLES. Tournant sur leur gauche, ils redescendent vers le Sud sur MEOUNES pour gagner SIGNES. Quittant la route départementale, les camions roulent maintenant sur la route forestière du plateau de SIOU-BLANC. Au bout de quelques minutes, ils s'arrêtent et les hommes du choc descendent des camions dans cette nuit provençale emplie de senteurs de romarin et de thym. Chargés de leurs armes individuelles et de munitions, ils n'ont guère le temps d'apprécier le calme et les odeurs, mais ils sont sensibles à la fraîcheur de cette nuit après la chaleur étouffante de la journée. Ils partent en direction du MONT CAUME par le GR 99. Au village LE-REVEST-LES-EAUX, ils ne sont plus qu'à trois kilomètres de leurs objectifs, le MONT FARON et LA CROIX FARON plus au Sud. Devant eux, ils aperçoivent vaguement dans la pénombre les Tirailleurs Marocains du Colonel Gonzalès de LINARES.

Une autre section du bataillon de choc a été déposée à l'Ouest de TOULON. Il s'agit de la section conduite par le Lieutenant DURRMEYER. Elle est à pied d'œuvre à l'Ouest de l'ESCAILLON, mais marque le pas devant le carrefour des quatre routes. La résistance de l'ennemi est très vive. les Allemands ont même repris DARDENNES par une contre-attaque fulgurante. Les combats deviennent de plus en plus acharnés, car l'ennemi a reçu des renforts en hommes, en armes , en munitions et fait nouveau, le bataillon est contré par des canons légers et des mitrailleuses. Par malchance, le T.D. qui soutient de son feu la section DURRMEYER, est à cours de munitions. Il est obligé de faire demi-tour pour se réapprovisionner.

Au soir de ce Dimanche 20 Août, le Capitaine HERIARD-DUBREUIL constate que le CHATEAU DE LA RIPELLE, l'objectif que son bataillon devait prendre, a été enlevé par les Tirailleurs Marocains et par la section expérimentale du choc commandée par le Lieutenant GUERNIER. Ceux-ci ont fait une trentaine de prisonniers dont un Colonel.

Les autres Compagnies du choc sont presque partout au contact avec l'ennemi. La 3ème Compagnie du Capitaine LAMY aux abords du MONT-FARON; la 4ème Compagnie du Capitaine TORRI, malgré un terrain accidenté et très difficile, est parvenue à surplomber la poudrière et ses trois tunnels, clos par un mur d'enceinte. Mais les Allemands de la 242ème Division sont en position favorable sur les crêtes et les chocs sont persuadés que demain, lorsqu'ils devront enlever la position, ce ne sera pas de la "tarte". Soudain alors que rien ne pouvait le prévoir, une formidable explosion retentit. Les hommes du choc qui se trouvaient debout, sont brutalement jetés à terre. L'onde de choc se répand et roule vers le lointain. Une fumée intense sort d'un des tunnels. Il semble bien qu'un stock de munitions vient d'exploser par accident; par accident, car, si cela avait été volontaire, l'ennemi aurait pris la précaution d'évacuer au préalable la position.

Le souffle de l'explosion a été canalisé par le tunnel. La fumée est si épaisse qu'il fait presque nuit. Petit à petit le ciel se dégage et à la jumelle, il semble que la poudrière n'a pas souffert. La construction doit être très solide. Demain en y entrant, il faudra que les hommes du choc redoublent de prudence. D'après la monstrueuse explosion, l'ennemi doit avoir énormément de casse.

Tandis que tout doucement la nuit tombe et que la magnifique luminosité de Provence s'efface lentement, les combats continuent dans les faubourgs Est de la ville. Le canon gronde dans les deux camps.

Attaque de MARSEILLE -- Axes de pénétration :

En ce Dimanche 20 Août 1944, le 7ème R.T.A. quitte le camp du CASTELLET et fait mouvement à pied. Les objectifs de chaque bataillon ont été précisés à leur commandant. Le 1er bataillon du Commandant MARTEL se dirige en direct d'AUBAGNE pour poursuivre vers LA VALENTINE et atteindre au Nord-est de MARSEILLE le quartier de SAINT-JULIEN. Il est suivi par le 2ème bataillon du 3ème R.T et le CC 1 comprenant les chars des 2ème et 4ème Escadrons du 2ème Régiment de Cuirassiers.

Pendant ce temps, le 3ème G.T.M. roule en direction de LA CIOTAT, CASSIS et du CAP CROISETTE. Le 2ème roule en direction d'AUBAGNE, CARNOUX et passe devant le camp de CARPIANNE pour remonter sur MARSEILLE.

Quant au 3ème bataillon du 7ème R.T.A., il marche sur LA BOUILLADISSE, LA POMME, LES TERMES-DE-PEYPIN, ALLAUCH PICHAURIS, LA FEVE, LA ROSE et MARSEILLE.

Le 2ème bataillon du 7ème R.T.A., lui, doit atteindre MARSEILLE NORD et l'ESTAQUE en marchant vers GEMENOS, ROQUEVAIRE, LA DESTROUSSE, MIMET et PLAN-DE-CAMPAGNE. Il est suivi de très prés par le 1er G.T.M.

La 1ère Division Blindée ,elle, avance sur l'axe TOURVES, GREASQUE, CARDANNE, LA-FARE-LES-OLIVIERS, LANÇON et SALON-DE-PROVENCE.

Les colonnes Françaises en marche, repoussent devant elles des troupes Allemandes qui livrent des combats acharnés, combats retardateurs meurtriers. Elles laissent sur le terrain leurs tués, leurs blessés et un matériel de toute sorte.

Embuscades sur la RN 7 :

Tôt le matin, entre SAULCE et LORIOL, "ANTOINE" (Lieutenant FAYOLLE) tend une embuscade avec sa section. Bilan, plusieurs camions et plusieurs ennemis morts au combat.

Le même convoi est à nouveau attaqué un peu plus loin par la section du sous-lieutenant DIDELET, puis une troisième fois par le 3ème Escadron du 11ème Régiment de Cuirassiers (l'ancien C11) du Capitaine "GRANGE" venu de la forêt de CHAVANNES. Décrochant rapidement après l'engagement, l'Escadron se replie sans avoir eu de pertes prés de MOURS-SAINT-EUSEBE. Les Allemands, là encore, déplorent leurs pertes.

Il faut croire que le calvaire des troupes Allemandes en retraite ne fait que commencer, car, pour la quatrième fois, à PONSAS, juste avant SAINT-VALLIER, ce convoi tombe, à nouveau, dans une embuscade tendue par un peloton de l'Escadron BOURGEOIS. Sur l'ensemble des véhicules qui constituaient le convoi en début de matinée, il en reste bien peu. Cette embuscade en a détruit plusieurs autres et il y a encore une dizaine de tués dans le personnel Allemand, sans compter de très nombreux blessés, dont certains très sérieux. Du côté des nôtres, nos pertes s'élèvent à deux camarades mortellement atteints.

Pendant que les embuscades succèdent aux embuscades, l'aviation Alliée bombarde à nouveau le terrain d'aviation de la Trésorerie à CHABEUIL. Elle tue cinq Allemands, rend inutilisable la piste d'envol et détruit plusieurs hangars. Il y a de gros dégâts. Mais là ne s'arrête pas l'activité des pilotes Alliés; un autre raid écrase complètement l'une des arches du pont permettant de traverser le Rhône de LORIOL à LE POUZIN situé en ARDECHE et fait quatre autres victimes Allemandes.

La ronde infernale des avions Alliés se poursuit jour et nuit. Toute la route Nationale 7 est remontée par les appareils mitraillant et bombardant les colonnes Allemandes dont les pertes ne cessent d'augmenter, plus de 50 tués dans la journée, matériel important hors d'usage.

Pendant que l'Armée Allemande se fait écraser dans le couloir de la vallée du Rhône, de nombreux jeunes hommes qui étaient rentrés chez eux à la suite de l'ordre de dispersion pour attendre des jours meilleurs, se présentent spontanément à la BAUME D'HOSTUN pour reprendre le combat. De Maquisards, ils deviennent Cavaliers du 11ème Régiment de Cuirassiers. Ainsi les hommes de "ROLAND" (Bernard CHASTENET DE GERY) tombé en juillet en forêt de LENTE, rejoignent le 11ème Cuir. Ces hommes de l'ancien C 14 sont commandés par "FREYSSINAT" (Lieutenant Michel PERROTIN) qui a pris le commandement du Camp lorsque son Capitaine et ami a été tué. Ils sont intégrés dans le 1er Escadron du Capitaine BOURGEOIS.

A MOURS-SAINT-EUSEBE, c'est un ancien du C 11, Léon FERLIN, qui réintègre l'Escadron "GRANGE".

Continuant le mouvement tournant par les Alpes, les troupes Américaines pénètrent dans la région du DIOIS. Après la descente du col de CABRE, des Jeeps arrivent à DIE dans l'après-midi, elles atteignent CREST le soir. A leur suite, commence l'impressionnant défilé de la Task Force BUTLER, qui, après avoir accompli merveilleusement bien sa mission dans le Département de la Drôme, sera dissoute à CREST.

Le Général PATCH choisit de couper la retraite des Allemands dans la vallée du Rhône, à MONTELIMAR et à LIVRON. Il profite de la réussite de le T.F.BUTLER, qui a ouvert la voie jusqu'à CREST, pour faire opérer à la 36ème D.I.U.S. le même grand mouvement tournant.

De la côte Varoise jusqu'à GRENOBLE, tous les itinéraires possibles entre la frontière Italienne et la route NAPOLEON, se trouvent entre nos mains, donc interdits aux troupes Allemandes sous peine d'anéantissement. Cette partie du territoire, à l'Est d'une ligne ROMANS-CREST-NYONS-CARPENTRAS-CAVAILLON-PERTUIS-RIANS-TRETS-TOULON d'une part et les Alpes à la frontière Italienne d'autre part, peut être considérée comme totalement libérée. Aussi, "LEGRAND" rassemble ses forces, donne l'ordre à toutes ses compagnies de se rapprocher de la vallée du Rhône pour rechercher le contact avec l'ennemi et intervenir le moment venu, notamment à la Cie "GIRARD" cantonnée prés de LES PILLES, "MORVAN" sur la D994 à ????, "PARIS" sur la D5 à BUIS LES BARONNIES.

Le General Friedrich WIESE essaye de poursuivre son but : Sauver le maximum de sa XIXème Armée et tente de maintenir ouvert le corridor de la vallée du Rhône. Il essaie même d'élargir le plus largement possible un couloir parallèle à la RN 7 afin d'accroître le débit des passages des convois remontant vers le Nord. Il n'a qu'une crainte, c'est d'être débordé et de se faire étouffer par la tenaille constituée par la 1ère Armée Française montant du Sud et la 36ème D.I.U.S. arrivant de l'Est.

Au cours d'une des tentatives d'élargissement du couloir de retraite, les soldats ennemis du 110ème Régiment Blindé de Grenadiers se heurtent aux Maquisards du VENTOUX et du Capitaine "PARIS" qui leur infligent des pertes très significatives. Les Allemands ont six tués et autant de blessés graves. Ils sont obligés de se replier.

Lundi 21 Août 1944

L'aube est à peine levée que l'ordre est donné à "BEAUMONT" cantonné depuis la veille à VIF dans le département de l'ISERE, d'occuper les deux ponts traversant la rivière DRAC à l'entrée Sud de la ville de PONT-DE-CLAIX. Il aura comme effectif, outre ses Maquisards, la section du Choc. Cette opération devra être terminée pour 10 heures 30.

Il décide, avec l'Aspirant MUELLE d'effectuer une rapide reconnaissance jusqu'à VARCES qui est situé à mi-chemin entre VIF et PONT-DE-CLAIX. Dans le village, ils se renseignent auprès des habitants pour savoir si les Allemands occupent toujours PONT-DE-CLAIX. Ils ont la confirmation que les deux ponts sont toujours gardés par des sentinelles Allemandes. Le plus ancien des deux ponts, qui est aussi le plus élevé, est surveillé par un garde en arme. Celui sur lequel passe la route goudronnée qui relie VARCES à PONT-DE-CLAIX, est défendu par un blockhaus en béton placé juste sur le bas-côté de l'entrée. Une demi-section de gardes est logée à proximité, dans un café-restaurant prés du DRAC. D'après les dires des civils consultés, il y aurait environ une compagnie de Fridolins dans la ville.

Un rapide conseil de guerre permet aux deux officiers de s'entendre sur le plan d'attaque. MUETTE et sa section de Choc se chargera de liquider les sentinelles, de neutraliser le blockhaus, d'annihiler le poste de garde. Pendant ce temps, "BEAUMONT" avec sa 16ème Compagnie FFI, qui est sur le point d'arriver traversera les ponts et s'engouffrera dans la ville pour liquider la garnison. Les parachutistes ouvriront la marche et iront immédiatement se poster à l'entrée de la ville, face à GRENOBLE pour parer à toute contre-attaque éventuelle. Guidés par un volontaire civil courageux les parachutistes parviennent à occuper leurs objectifs. Malheureusement, une seule section FFI entre en action. C'est beaucoup trop peu pour rendre l'assaut efficace. De plus, sans doute alertés par radio, les Allemands arrivent en renfort de VIZILLE. Sans aucune aide, les parachutistes ne peuvent tenir les positions et sont obligés de battre en retraite en repassant les ponts. Ils laissent derrière eux quatre des leurs, tués dans cette malheureuse affaire. Le guide civil y laisse aussi sa vie. D'autre part, plusieurs parachutistes sont blessés dont "PONIA". Du côté adverse, les Chleuhs ont une quinzaine de morts dont un Capitaine. En décrochant, les paras ont ramené quelques prisonniers qu'ils ont capturés dés le début de l'attaque.

Sentant la situation leur échapper, les Allemands attendent la nuit pour évacuer PONT-DE-CLAIX par la RN 87 vers GIERES et par la RN 85 vers VIZILLE. Ils se vengent une fois de plus sur les civils.

Durant leur repli précipité de GIERES vers CHAMBERY, par la départementale 523, les Allemands sont vivement pris à partie à VILLARD-BONNOT. Le combat devient très vite d'une rare violence. Neuf Patriotes y laissent la vie. Un peu plus loin, à FROGES, un Maquisard est fait prisonnier. Il ne se fait aucune illusion. Il est fusillé par les Nazis à CHAMBERY.

Derrière la CHAINE DE BELLEDONNE se trouve la vallée glacière de la ROMANCHE longée par la RN 91. Des soldats Allemands de ROCHETAILLEE essayent de rejoindre AIGUEBELLE par la départementale 526, ils cherchent à éviter le DEFILE DE MAUPAS, qui leur semble très propice à embuscade. Il passent donc par des chemins de montagne pour parvenir tout d'abord au village de VAUJANY. Ils sont attaqués une première fois au col du SABOT à 2100 mètres d'altitude, puis une seconde fois au barrage de GRAND-MAISON. Dans ces deux engagements, trois FFI de nationalité Polonaise ont trouvé la mort.

On ne saura jamais les pertes ennemies au cours de ces combats.

De SISTERON à PONT-DE-CLAIX, la RN 75 est entièrement entre nos mains. Il est essentiel de concentrer le maximum de FFI afin de participer à la libération de GRENOBLE. "LEGRAND" donne l'ordre au bataillon "NOËL" (BOSQ) de quitter le village de GRIMONE, de passer le col du même nom et de prendre la RN 75 pour arriver le plus rapidement possible dans la banlieue de GRENOBLE.

"HERVIEUX" est le responsable militaire des départements de la Drôme et de l'Isère. Il commande donc à tous les Maquisards de ces deux départements. Son Poste de Commandement est établi au village de NOTRE-DAME-DE-L'OSIER. "BOB" (Capitaine BENNES) et "ADRIAN" (Capitaine VILLARD) sont rejoints au P.C. "HERVIEUX" par le courageux "VOLUME" (Capitaine Adrien CONUS). Cet officier, parachuté le 2 Juillet 1944 dans l'AIN, est le seul rescapé de la fusillade de REVOLLEY qui a eu lieu le 23 Juillet (c'est à dire, il y a presque un mois), non loin de l'ancienne cimenterie. "VOLUME" arrive de l'OISANS où il a réussi a rassembler des Patriotes qui, à la suite de différents combats, s'étaient dispersés dans la nature. Ces trois Capitaines viennent aux ordres.

La fréquence et la multiplicité des allées et venues créent une effervescence inhabituelle. Par mesure de sécurité, le P.C. d'"HERVIEUX" déménage et va s'installer dans une ferme à VATILIEU, deux kilomètres plus loin

"ADRIAN" avait installé son cantonnement à IZERON prés de la RN 532, prés de SAINT MARCELLIN. Il avait suivi en cela les directives du Capitaine "LEMOINE" qui, le 15 Août, lui avait prescrit de quitter le village de BOURG-D'OISANS pour rejoindre ce nouveaux lieu avec son groupe.

Au P.C. d"'HERVIEUX", il reçoit de nouvelles consignes. Il doit faire mouvement du Sud au Nord de la rivière Isère. Sa Compagnie doit s'installer à l'ALBENC, tout prés de la RN92 et à proximité de NOTRE-DAME-DE-L'OSIER. Son nouveau chef hiérarchique sera "DURIEU".

Dans la vallée du Rhône :

C'est au village FIANCEY que les convois Allemands détournés par la RN 93, rejoignent la RN 7. C'est donc à cet endroit que "POPAUL" (Capitaine PONS) a préparé une embuscade de très grande envergure. Pour ce véritable traquenard, il engage sa 10ème Compagnie du 2ème Bataillon dont l'armement, pour une unité FFI à cette époque, est fantastique. En effet, il dispose de six mitrailleuses légères, d'une dizaine de F.M. et même d'un bazooka en plus des fusils. Il place ses positions de feu sur un parcours de deux kilomètres environ.

Laissant le convoi s'engager entièrement, il déclenche un feu d'enfer qui, sur le champ, met hors de combat une cinquantaine de Fridolins dont dix sont tués, et détruit une bonne partie des véhicules. C'est une des embuscades les plus meurtrières que connaîtra la RN 7. Sortis de l'embuscade infernale, fous de rage, à LA PAILLASSE, les rescapés Allemands fusillent séance tenante et sur place, trois agents de liaison FTP.

Sur la D 6 allant de SAUZET à PUY-SAINT-MARTIN, une patrouille Boche est accrochée. Elle essuie des coups de feu et doit ramasser deux des siens, blessé A CLEON-D'ANTRAN, elle se venge en abattant prés de leurs fermes, trois cultivateurs sexagénaires.

A LA BAUME D'HOSTUN, le soir de ce 21 Août 1944, "THIVOLLET" réunit ses chefs d'Escadron à son P.C. Il leur donne ses derniers ordres pour l'attaque de ROMANS car il a décidé que celle-ci aurait lieu le lendemain. La garnison est forte d'environ deux cent Allemands, cantonnés principalement à deux endroits : la caserne et le lycée. Cependant, ceux-ci ont eu la précaution d'installer des postes de garde à toutes les sorties de la ville.

A la nuit, "THIVOLLET" quitte le village de LA BAUME D'HOSTUN avec "MODOT" son Adjoint. Parachuté le 10 Juillet 1944 à VASSIEUX, "MODOT" faisait parti de la seconde équipe de la mission "EUCALYPTUS". Ils ont, tout les deux pour but le village de CHANTEMERLE-LES-BLES, où ils doivent rencontrer "GRANGE" cantonné à CHAVANNE.

Le soir même, accidentellement, "FREYSSINAT" (Lieutenant PEROTIN) est grièvement blessé à HOSTUN. Transporté aussitôt à SAINT-MARCELIN, il décédera quelques heures après son admission. La Résistance venait de perdre l'un de ses plus brillants éléments.

Prise de GRENOBLE:

Dans l'après-midi, les Allemands ont commencé l'évacuation de la ville. Apprenant cela, "ROUVIER" (Commandant LE RAY) donne l'ordre aux FFI placés sous ses ordres de marcher sur la ville et de l'occuper. Cette mission sera exécutée avec l'appui des rescapés du 6ème BCA de "DURIEU', les Maquisards de LA GRANDE CHARTREUSE, commandés par le Capitaine "LOISY" et les FFI de GRENOBLE.

Des combats d'une extrême violence s'engagent à VIZILLE. Au PEAGE-DE-VIZILLE les Allemands ont dix sept morts et quatorze autres tués aux RIVORIANDS et à RIOUPEROUX. Du côté Français, quatre FFI, neuf soldats de la 14ème Compagnie et quatre civils paieront de leur vie la libération de la région, de VIZILLE et de SECHILLIENNE.

Dans le midi, à TOULON-MONT-FARON :

Le Capitaine TORRI a reçu l'ordre d'attaquer la poudrière. Il donne ses dernières instructions aux cadres sa 4ème Compagnie du Choc :

En priorité, occuper les bâtiments qui, sur la colline d'en face, surplombent la cour où aboutissent la sortie des trois tunnels. Les hommes qui seront à cet endroit pourront ainsi éliminer plus facilement, une par une, les sentinelles ennemies. Cette opération, terminée, permettra à la section LIBERSA d'entrer dans la cour et de s'approcher du premier tunnel.

La porte de la cour est restée ouverte. La sentinelle de garde est abattue. Malgré tout, il est impossible de pénétrer dans la cour car une mitrailleuse quadruple et des snipers empêchent la réalisation complète du projet. A ce moment, un blindé Allemand sort du tunnel, et se dirige vers la section LIBERSA qui est bloquée dans son avance. L'artillerie Française tait tomber une pluie d'obus providentielle car inattendue et contraint le char a rentrer précipitamment à l'abri du tunnel; aussitôt, la section d'assaut, munie de gammons, se lance à l'attaque de la cour et détruit à la grenade la très dangereuse mitrailleuse quadruple et ses servants. N'étant plus sous le feu de cette maudite arme, petit à petit, les autres sections réduisent au silence les snipers cachés au-dessus du tunnel.

Quatre parachutistes surveillent la sortie du tunnel. Comme des chasseurs à l'affût, ils attendent, gammons à la main, que le blindé veuille bien montrer le bout de son nez; ce qu'il finit par faire. Brutalement attaqué par les gammoniers, il est touché, mais réussit malgré tout à se replier à l'intérieur. Du côté Français, l'un des quatre parachutistes est hors de combat, soufflé par un gammon.

Les positions extérieures sont finalement entre les mains des troupes Françaises, mais il faudra attendre l'arrivée au soir d'un T.D. Français pour que l'avantage des armes passe du côté des Chocs. Ce chasseur de chars T.D. réussit à expédier des obus et des rafales de mitrailleuse à l'intérieur du tunnel.. Le courage des défenseurs Allemands est extraordinaire. Ils tentent une dernière sortie vouée à l'échec, car ils buttent sur les tirs précis des parachutistes et du "Tank Destroyer" qui les obligent à reculer encore une fois à l'intérieur du tunnel. Les Paras passent alors à la contre-attaque et appuyés par des lance-flammes qu'on leur a fait parvenir, finissent par venir à bout de la résistance acharnée des troupes Allemandes.

Finalement un émissaire sort du tunnel avec un drapeau blanc. Les survivants se rendent pour la plupart, blessés et certains très grièvement. Environ cent quatre vingt rescapés restent là, hébétés et silencieux après les bruits épouvantables des combats. Seuls les gémissements des blessés se font entendre. L'explosion et les combats ont fait plus de deux cent cinquante morts dans les rangs ennemis. L'odeur est insupportable. Partout gisent des cadavres brûlés et mutilés. La poudrière est entre les mains des Français. Les Allemands ont fait plus qu'un baroud d'honneur, ils se sont accrochés comme si de la perte de ces tunnels dépendait l'issue de la guerre.

A la suite de la reddition des troupes occupant la poudrière, le Fort du MONT-FARON est pris sans combat. Celui de la CROIX-FARON, après une courte résistance, se rend lui aussi.

En ville, les combats ne sont pas moins acharnés. Depuis quatre jours, les F.F.I. se battent seuls à la porte d'Italie et sur le boulevard de Strasbourg. En fin de soirée du quatrième jour, ils apprennent que la garnison Allemande d'Hyères se replie vers Toulon sous la pression de la 1ère DFL. Ils décident d'établir un bouchon pour la nuit en se barricadant dans des maisons bordant les rues.

A MARSEILLE :

Premier objectif : prendre Notre-Dame-de-la-Garde qui domine Marseille et les Iles de Frioul.

Aux quelques huit cent F.F.I. armés, encadrés et entraînés, viennent se joindre de nombreux Résistants des équipes civiles. Ensemble, ils constituent une force de frappe qui a déclenché la guérilla urbaine et s'attaque aux forces du Général SCHAEFER.

Grosso-modo, la défense Allemande est organisée en deux secteurs distincts. Partant de Saint-Julien au Nord, suivant la Canebière pour aboutir au Vieux-Port, c'est la ligne qui sépare le secteur Est de celui de l'Ouest. Cela paraît parfaitement logique car la Canebière et ses prolongements par le boulevard de la Brancarde et l'avenue Saint-Julien constituent l'axe de circulation entre tous les points défendus par les unités Allemandes. Et cela, la Résistance ne l'ignore pas. Aussi, l'un des premiers engagements a lieu à Saint-Julien dans la garrigue; là de jeunes soldâtes de la Wehrmacht se font cribler de chevrotines, car certains F.F.I. ne sont armés que de fusils de chasse.

Sur la route départementale 908 qui va des Termes-de-Peypin jusqu'à La Rose entre l'auberge Pichauris et La Fève, les Boches ont installé des "Tobrouks". Ce sont de petits ouvrages en béton ne pouvant abriter qu'une seule mitrailleuse (inaugurés à Tobrouk durant la campagne de Libye en 1941-1942) et deux petits blockhaus-dortoirs. La mission des Maquisards est de s'en emparer. Durant l'action, plusieurs Patriotes d'Allauch y perdent la vie. L'opération est très meurtrière. Un autre F.F.I. est tué à l'entrée de La Fève.

Sur les autres axes, les Fridolins ont aussi installé des défenses très efficaces. Les combats sont violents. En ville, les F.F.I. s'infiltrent partout. Bien guidés, ils se glissent entre les positions ennemies, engagent le combat, décrochent et disparaissent pour réapparaître ailleurs. Les Allemands ne peuvent pas surveiller toute la ville; ils ne peuvent pas occuper toutes les rues et les immeubles en permanence. Ils sont obligés de faire ratisser les artères principale par des patrouilles d'une trentaine d'hommes puissamment armés qui, malgré tout, se font matraquer à bout portant. Ce sont des combats de courte durée, mais très violents, où les mitraillettes STEN Anglaises font d'énormes ravages.

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Ce 21 Août 1944, c'est aussi la première grande victoire remportée par les forces Alliées en Normandie. En effet, la VIIème Armée Allemande, après deux mois et demi de résistance acharnée, capitule. Durant deux mois et demi, elle a été en permanence écrasée par des bombardements de l'aviation, de la marine et de l'artillerie terrestre. Dans la poche de Falaise, les Alliées inaugurent le "Tapis de Bombes", véritable rouleau compresseur qui n'épargne ni les soldats, ni les civils. Ce seront les bombardements les plus terribles de la seconde guerre mondiale. L'Armée Allemande n'est pas défaite pour autant, plus de cent mille Allemands réussissent à sortir du piège.

Bien que pas encore terminée, la bataille de Normandie touche à sa fin. Le bilan est lourd. Les pertes des deux côtés sont considérables. Rien qu'à l'Est de Caen, plus de quatre cent chars Alliés ont été détruits. Partout des épaves hétéroclites jonchent les bas-côtés des routes. Dans les blockhaus éventrés, des canon tordus, toujours pointés vers la mer, se sont tus à jamais. Villes et villages sont rasés ou très endommagés. Des villes comme Caen, Falaise et bien d'autres ne sont plus que ruines et les pertes civiles sont très élevées. Rien qu'a Caen, on estime à plus de trois mille les habitants tués. Mais jamais on ne connaîtra le nombre exact des victimes, même approximativement.

La 2ème DB du Général LECLERC a débarqué dans les dunes de Varreville (Utah-Beach). Elle reçoit l'ordre de foncer sur Paris en insurrection.

Sur les côtes Ouest, le mur de l'Atlantique n'est plus complètement occupé par les unités Allemandes. Mais, afin d'interdire aux Alliés l'accès des ports, le Haut Commandement Allemand a sacrifié les garnisons de celui-ci pour occuper les ports afin que les Alliés n'y débarquent pas leur matériel, leur munitions et leur ravitaillement. Les F.F.O. (Forces Françaises de l'Ouest) les encerclent, mais sont trop faibles pour en venir à bout toutes seules. Le Général DE LARMINAT qui les commande, essaie de coordonner l'ensemble en attendant des jours plus fastes. De temps à autre, les Allemands lancent des contre-attaques pour maintenir leur périmètre et dans le but de se ravitailler.

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Mardi 22 Août 1944

Dans le Diois, c'est le jour où les gars du Cl2 doivent aller aux Glovins.

Dés l'aube, après avoir fait ses adieux et remercié ses hôtes, les SECOND, "CALVA" quitte Barnave. Il a vraiment le sentiment d'abandonner une seconde famille qui l'a chaleureusement hébergé depuis le début du mois d'Août. Il a, dans sa musette, un solide casse-croûte pour le repas de midi. Il part dans la fraîcheur du matin pour retrouver ses copains du Cl2 à Montmaur-en-Diois. Il passe par la colline afin de s'arrêter aux buis où il a caché son matériel. En peu de temps, de paysan, il redevient Maquisard.

Bien que depuis trois semaines il ne soit pas tombé une seule goutte d'eau sur la région, il retrouve pantalon et chemisette humides et sentant le moisi. Bah ! ce n'est pas grave, ils auront le temps de sécher sur la "bête". Par contre, le fusil qu'il avait préservé en l'enroulant dans une couverture, n'a pas souffert.

Une fois que les habits civils et la couverture ont retrouvé leur place dans le sac, qu'il s'est harnaché, les armes rechargées, qu'il a replacé à son poignet gauche sa plaque d'identité de Maquisard; il se remet en route pour Montmaur, impatient de savoir si tous ses copains seront au rendez-vous.

Naturellement, parti à l'aurore de Barnave; il est arrivé en avance et doit attendre les autres pendant un temps qui lui semble bien long. Ils arrivent les uns après les autres, complètement décontractés. Le moment des retrouvailles est vraiment merveilleux. Grandes bourrades dans le dos, blagues et joie intense de se retrouver après de si longues semaines d'incertitudes. Nous nous mettons en route tout guillerets.

"JACQUOT" et "ROBY", les deux frères BRUNEL, connaissent bien cette campagne Dioise. Ils nous font couper à travers bois, champs et chemins creux. Nous évitons ainsi de traverser Die et nous tombons pile sur la D93 qui relie Die à Crest, juste à la hauteur de Saint-Auban. Nous arrivons juste pour regarder passer une longue colonne Américaine de chars, half-tracks, d'artillerie tractée, de camions, de jeeps, etc...etc... qui descend vers Crest. Arrêtés, nous mangeons avant de traverser la route et continuer notre marche. Après une bonne heure de cheminement à la queue leu leu, nous faisons la jonction avec la deuxième sizaine conduite par "PEKIN". Nous nous arrêtons et fêtons nos retrouvailles par un bon "canon" en regrettant que tous nos autres copains ne se soient pas joints à nous.

Après la pause, nous repartons décontractés, en discutant ! A notre arrivée aux Glovins, nous sommes heureux de revoir "LE BUFFLE". Comme nous avons perdu l'habitude de crapahuter dans la nature avec tout notre barda, nous sommes éreintés par une course qui, voilà deux mois, nous aurait été facile. Trois semaines, presque quatre pour certains, d'entière sédentarité, ont rouillé les muscles.

"SANGLIER" nous accueille très chaleureusement et constate tout de suite qu'il a affaire à des recrues sérieuses, équipées et entraînées. Le repas pris en commun est copieux, le moral est au beau fixe et chacun d'entre-nous y va de sa petite histoire. Mais que c'est dur de coucher à nouveau à même le sol lorsqu'on a repris l'habitude de dormir dans un bon lit.

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Suite...

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