ATTAQUE DES PLANEURS

21 Juillet 1944

Convoqués à VASSIEUX par "HARDY" pour 9 heures du matin, le C12 quitte son cantonnement de SAINT-ALEXIS avec une bonne demi heure de retard. Les Maquisards descendent sans se presser, en discutant entre eux, par petits groupes, décontractés, la route du col vers VASSIEUX.

Ayant couché à la ferme JUILLET, un autre groupe dans lequel se trouve "SEPPI" qui marche le F.M. bien calé sur son sac à dos, suit un peu en retrait. Il fait très beau. Nous allons sortir du bois de sapins lorsque apparaissent des avions tirant des planeurs. L'ensemble des trains de planeurs semble venir de la direction du col de VASSIEUX. Lorsque nous les apercevons, ils sont à une distance d'environ 1/3 du col SAINT-ALEXIS où nous nous trouvons et de LA MURE.

Notre première impression, c'est que ce sont des Amerlocs. Notre erreur ne dure que très peu de temps, environ dix secondes. Nous distinguons, presque aussitôt et très nettement, les croix noires sous les ailes d'un Dornier 17 qui vient de lâcher son planeur et qui vire sur l'aile, pour aller à VASSIEUX bombarder et mitrailler tout ce qui bouge.

Le commando Américain fait également le trajet à pied vers VASSIEUX. Lorsqu'il réalise la situation, il fait demi-tour immédiatement.

Les Maquisards du C12 réalisent tout de suite que l'objectif des Fridolins est VASSIEUX et son terrain d'atterrissage. Nous nous arrêtons tous. Nous nous regroupons pour tenir un conseil de guerre très court. Afin d'éviter toute surprise nous mettons les F.M. en batterie. Au début, les planeurs tournent en rond. Cette ronde nous paraît lente par rapport aux avions.

Mais combien y en a-t-il ? et combien de combattants dedans ? Nous essayons de les compter, ce qui n'est pas facile car ils se croisent sans arrêt, en tournant. Nous estimons qu'ils sont une bonne vingtaine. Puis brusquement, en un temps record, la plupart se posent autour de VASSIEUX sur le terrain et d'autres vers les hameaux de LA MURE et LE CHATEAU. Pendant de longues secondes plusieurs planeurs continuent de tourner en rond. Il nous vient à l'idée qu'ils attendent des ordres pour se poser. Mais non. Pour la majorité, en définitive, ils se posent assez loin de nous sur la route du col SAINT-ALEXIS, à l'exception de l'un d'eux qui vient s'immobiliser vers les CHAUX et d'un autre vers COTE BELLE. Nous remarquons encore un autre qui atterrit en bas des CHAPOTIERS. Il descend en piqué, tout en criblant le sol devant lui, avec la mitrailleuse qui a été installée sur le dessus. Quand ce dernier va atteindre le sol, un parachute se déploie à la queue ralentissant considérablement sa course. Nous sommes perplexes car il glisse sur une distance extrêmement courte. Nous évaluons celle-ci à 20, 30 mètres au maximum. Nous essayons de compter les types qui giclent après avoir fendu les toiles au couteau. Certains en comptent 15, d'autres 20 par planeur. Le calcul est vite fait, il y a entre 300 et 400 Allemands débarqués en deux ou trois minutes.

Nous, nous sommes à deux kilomètres et demi de VASSIEUX pour le moins. Nous nous rendons vite compte qu'à pied, avec tout notre chargement, sacs et armes à trimballer, il ne peut être question, même en faisant vite, de rejoindre VASSIEUX en temps voulu. Il y a devant nous au moins deux cent Fridolins armés d'au moins une bonne douzaine de mitrailleuses -- une par planeur -- Nous savons également qu'à VASSIEUX nos combattants ne sont pas même une vingtaine, y compris "HARDY" et les dix gars du C12 dont seulement cinq anciens aguerris. Ils ne pourront pas tenir très longtemps devant cette attaque. Nous craignons aussi, que ce débarquement aérien ne soit que le prélude d'un autre plus important. Dés que les avions seront rentrés à leur base et auront chargé d'autres renforts. A tort, nous pensions qu'ils étaient partis de l'aérodrome de CHABEUIL qui est relativement prés. En fait, nous saurons plus tard qu'ils sont partis de LYON-BRON. Nous appréhendons également que des planeurs ne soient tombés, entre notre position au col SAINT-ALEXIS et le col du ROUSSET, dans les petites clairières intercalées dans les bois. Et que, l'un des objectifs majeurs des troupes aéroportées soit la prise du col du ROUSSET lui-même.

Le col du ROUSSET est l'une des portes Sud du VERCORS. En fait, c'est la porte principale. Si ce col est pratiquement imprenable de front du côté DIOIS, il n'en est pas de même du côté du VERCORS. De ce côté, c'est de la montagne à vaches. Le relief est peu accidenté et, en cas d'attaque par derrière, il est très vulnérable. Il faut bien se persuader que, de ce côté, le col ne constituerait pas un obstacle sérieux pour des troupes entraînées comme la Wehrmacht.

Nous décidons de créer un point d'appui au col SAINT-ALEXIS avec nos trois F.M. et d'envoyer "LA MAURICADDE" comme messager à "GRANGE" qui, avec le C11, défend le col du ROUSSET. Nous sommes convaincus, et là encore nous avions raison, que "GRANGE" et ses combattants n'ont pas vu arriver les planeurs et, qu'à dix kilomètres de VASSIEUX, ils n'ont aucun écho de ce qui s'y passe.

Les planeurs, tirés par des bombardiers, sont bien passés au col de VASSIEUX tenu par le C18, mais celui-ci n'a pas pu prévenir le P.C. de VASSIEUX. En effet, comme pratiquement toutes les unités de défense en montagne, le C18 n'est relié au P.C. d'"HARDY" ni par le téléphone, ni par radio. Ces unités ne peuvent donc pas donner l'alerte. Par contre, plusieurs autres postes d'observation ont transmis l'alerte générale au P.C. de l'Etat-major du VERCORS qui l'a répercutée à tous.


Epave d'un planeur

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